« Là où vont nos pères », Shaun Tan

« L’essentiel de ce livre a été inspiré par des histoires et anecdotes, racontées par des migrants de nombreux pays et à différentes périodes, dont celle de mon père qui arriva en Australie Occidentale de Malaisie en 1960 », écrit l’auteur en postface de son ouvrage. Ainsi, Shaun Tan a effectué de nombreuses recherches avant de se lancer dans le scénario de cette bande dessinée (dont le titre original est « The Arrival »).

Le décor des premières cases est une maison modeste, d’une famille qui s’apprête à se séparer : l’homme fait sa valise, quitte sa femme et sa fille ainsi que le danger qui semble planer sur toute la ville, prend un bateau, débarque sur une terre inconnue… A quelle période sommes-nous ? On dirait l’entre deux guerres en Europe mais l’auteur a introduit des éléments féeriques et surréalistes qui rendent son récit intemporel. Ainsi, les événements pourraient se passer n’importe où, n’importe quand, partout, tout le temps… Le traitement des images accentue cet effet : craquelées, elles ressemblent à des photographies d’un vieil album ou à des séquences de cinéma muet (Shaun Tan n’est d’ailleurs pas seulement bédéiste mais aussi cinéaste). Le personnage principal rencontre d’autres exilé·e·s qui esquissent les raisons de leur départ. On pressent le fascisme, la guerre, la pauvreté…

Les lecteur·ice·s le suivent aussi dans ses difficultés à s’adapter : il est confronté à l’administration, une langue différente, des pratiques et des coutumes qui lui paraissent étranges, l’absence de travail… Mais au final, rien n’est si sombre que l’univers qu’il a quitté et bientôt, une fabuleuse nouvelle arrive…

Shaun Tan signe ainsi un récit lumineux sur une expérience pourtant, souvent, douloureuse.

« Là où vont nos pères » a été publié pour la première fois en France chez Dargaud en 2007 (il est paru sous son titre original un an plus tôt en Australie chez Hachette Livre).

Plus d’informations sur l’auteur et son œuvre sur https://www.shauntan.net