
Itinéraires d'une colonisation qui s'éternise
(…) Nous habitions Bourges, capitale du Berry, pays de ma mère. C’était en 1890, le chômage était menaçant et plusieurs amis de mon père désiraient, comme lui, émigrer, avec leur famille. Il y avait une grosse propagande pour susciter l’émigration en République argentine, pays neuf et trop peu peuplé ? Des bateaux entiers chargés d’Italiens partaient pour ce pays. Mon père demanda conseil à Mr Lem, secrétaire général de la préfecture du Cher, qui le déconseilla et lui dit : « Pourquoi n’iriez-vous pas en Nouvelle-Calédonie ? Le gouvernement offre gratuitement, sous certaines conditions, une concession de terre de 25 hectares, les frais de voyage, et la fourniture de vivres pendant 6 mois, période qui peut être prolongée à un an ; avec vos trois enfants qui sont déjà grands, vous avez toutes les chances de réussir… Le programme projeté est la création de caféries. Évidemment, ce n’est pas le genre de culture en France mais vous aurez un petit opuscule qui vous aidera et déjà cette culture existe en Nouvelle-Calédonie »…
Nous quittons Bourges le 28 octobre… Il faisait un froid de loup… mais nous les enfants, nous nous en moquions, nous allions vers le soleil. Pour moi, j’étais enchanté de voir enfin mon rêve réalisé : voir des pays nouveaux !
… La demande faite, les autorisations accordées, nous recevons l’ordre d’avoir à embarquer à Marseille sur le paquebot à destination de Nouméa qui partait le 1er novembre 1891 (1)
Afin de saisir les enjeux de la longue histoire coloniale française en Kanaky Nouvelle-Calédonie, nous allons, dans cette série d'articles, arpenter les étapes du processus colonial engagé lors de l'annexion en 1853, par l'Empire français, du territoire calédonien, la création d'une colonie pénitentiaire et de peuplement sur le territoire kanak, la confiscation des terres, la mise en œuvre du « code de l'indigénat », la succession des révoltes kanak, les accords de Matignon (1988) puis de Nouméa (1998) qui ont engagé un processus de décolonisation, hésitant mais réel, jusqu'au projet actuel de « dégel du corps électoral » du gouvernement Macron. Ce projet de « dégel », qui a fait considérablement régresser le processus de décolonisation déjà engagé, a provoqué les luttes de mai 2024 par les Kanak, qui tentent de se dégager de ce processus délétère.
Ces articles ont été motivés par l'incarcération de Guillaume Vama qui a, le 23 décembre 2024, « célébré » ses 6 mois de préventive à la Maison d'arrêt de Bourges. Un collectif de soutien a été créé à Bourges pour le soutenir (lire aussi les rubriques (Ré)acteur.ices et (Re)visiter).
Premiers contacts
Le 4 septembre 1774, le vaisseau Resolution commandé par James Cook aborde la terre kanak et la baptise New Caledonia en l'honneur de la région de Grande-Bretagne dont son père est originaire (Ecosse britannique). L'essor de la chasse à la baleine, l'exploitation du bois de santal, de la nacre, du coprah, des écailles de tortues, motivent les visites de navires européens, surtout anglo-saxons, et une première exploitation économique de l'île. Marins, aventuriers naufragés et négociants fondent des familles avec des femmes mélanésiennes et créent des comptoirs pour les échanges. C'est aussi le début de l'évangélisation qui mène des missionnaires catholiques à s'implanter en Mélanésie. Des frères maristes (2) s'installent en 1848 à l'Ile des Pins qui servira de base à l'évangélisation.
Ces premiers contacts européens modifient rapidement les sociétés mélanésiennes aux niveaux technologique (outillage en fer), alimentaire (introduction du cochon et de l'alcool), religieux, social et démographique (abandon de la polygamie et de la régulation de la natalité). L'introduction de nouveaux microbes, contre lesquels les populations ne sont pas immunisées, décime les populations (comme chez les Amérindiens à la fin du XVe) ce qui entraîne le début d'un déclin démographique, qui s'aggravera avec le temps.
Un antécédent : l'Algérie
La France a développé, à partir de 1830, une colonie de peuplement en Algérie, pour laquelle elle a mis en œuvre une véritable politique de confiscation des terres dites « indigènes » qui permettra, de 1842 à 1845, la création de 35 centres de colonisation sur 105.000 hectares annexés (3). Les populations paupérisées de l'ensemble du bassin méditerranéen (Espagne, Italie, Grèce et Malte), des immigrant.es allemand.es et suisses, et des ouvrier.es parisien.nes s'y installent.
A la suite des journées insurrectionnelles de juin 1848, la France souhaite se débarrasser de ses « éléments subversifs ». Les révolutions de 1830 et 1848 ont créé une véritable « panique sociale » dans la classe possédante : opposants politiques, criminels de droit commun, militaires indisciplinés de l'armée française, sont déportés en Algérie - l'Assemblée nationale votera un crédit de 50 millions dans cette perspective. L'Algérie constitue le modèle originel de l'annexion de la Nouvelle-Calédonie : la création d'une colonie de peuplement et d'une colonie pénitentiaire.
Napoléon III veut renforcer sa présence dans le Pacifique face aux Néerlandais et aux Britanniques qui souhaitent également conquérir le territoire mélanésien. La France annexe la Nouvelle-Calédonie en 1853, tentant de reconstituer l'empire colonial qu'elle a perdu un siècle plus tôt, lors du traité de Paris (4). Le contre-amiral Febvrier-Despointes prend possession du territoire au nom de l'Empereur. La France souhaite faire de la Nouvelle-Calédonie une colonie pénitentiaire modèle, car Cayenne, en Guyane, ouverte en 1852, fait preuve, de manière un peu trop évidente, d'un taux de mortalité très élevé parmi la population carcérale.
La Nouvelle-Calédonie est proclamée colonie française à Balade le 24 septembre 1853. Les militaires français du navire La Constantine, arrivés en juin 1854, fondent Port-de-France, chef-lieu de la colonie, qui deviendra une petite ville, Nouméa, en 1866. Le premier gouverneur (de 1862 à 1870), Charles Guillain, est chargé de trouver des terres pour organiser le bagne. Il s'agit à la fois de garder les bagnards et de motiver les libérés à s'installer durablement sur le territoire en leur donnant des terres. Des accords sont signés avec les principaux chefs kanak qui estimeront avoir été trompés et spoliés par les actes signés. La France reconnaîtra 150 ans plus tard, dans le préambule des accords de Nouméa, le caractère unilatéral et univoque de sa prise de possession.
Confiscation des terres
1853 – En raison de la spoliation des terres, des révoltes kanak éclatent dès la prise de possession de l'île par l'Etat français. Ces révoltes sont ponctuelles, assez faibles, et aisément réprimées par l'administration coloniale. Il existe peu d'éléments de documentation.
1855 – Le commandant Testard accorde près de 2.000 hectares à la mission mariste autour du village de la Conception pour y installer 120 indigènes, amené.es depuis Balade et Pouébo par le Père Rougeyron. En mars, les Kanak interviennent contre l’installation de colons, surtout vers Port-de-France.
Le 20 janvier 1855, le commandant Joseph Du Bouzet fait une déclaration qui deviendra la charte foncière de la Nouvelle-Calédonie : les propriétés kanak sont (implicitement) inaliénables, mais l’Etat français se réserve la possibilité de les acheter, pour les concessions destinées aux colons européens ! A la suite de cette déclaration plutôt contradictoire, les administrateurs se querellent sur le statut des terres kanak : la déclaration reconnaît-elle ou non aux Kanak le statut de propriétaires, ou n'en sont-iels qu'usufruitier.es ? Un arrêté du 22 janvier 1868 leur accorde le statut de propriétaire, mais seulement dans le cadre de la propriété collective et non de la propriété privée. Cela permet à l'Etat de conserver la maîtrise du patrimoine foncier, et il se réserve, dans la foulée, un droit perpétuel d'expropriation (5).
Une déclaration de Charles Guillain, le 28 janvier 1869, est tout à fait explicite (6) :
C’est un fait exact que toutes les terres appartiennent à l’Etat par droit de conquête. Le gouvernement a fait une générosité aux indigènes et leur a laissé une partie des terrains qu’ils occupaient lors de la prise de possession ; mais cela ne diminue en rien notre droit qui est celui du plus fort, droit qui nous a été reconnu par les puissances étrangères et dont nous n’avons à rendre compte à personne. Quand nous aurons établi les cantonnements de chaque tribu, les terrains restants demeureront la propriété de l’Etat.
L'Etat se déclare également propriétaire de toutes les terres « apparemment vacantes », c'est-à-dire les terres en friche : cela constitue une catastrophe économique pour ce peuple d'agriculteur.ices qui pratique la culture en jachère, et a développé un système d'irrigation sophistiqué.
Un premier cantonnement établit une « nouvelle » tribu, constituée de Kanak de Pouébo et des Paimboas, regroupé.es contre leur gré à Tchambouenne, au sud de Pouébo, le 3 septembre 1869 : 323 personnes, 200 hectares, soit 0,6 hectare par personne – contre les 6 hectares par personne initialement prévus par l'administration. Le chef de la tribu relèvera de l’autorité coloniale (7). Neuf villages kanak sont supprimés, plusieurs centaines d’hectares de bonnes terres récupérés, vite attribués à des colons. Les opérations de cantonnement s’étendront par la suite à toute la Grande Terre, et une commission est créée à cet effet dans les années 1870.
Déportation, transportation, relégation
Une loi relative à la déportation, transportation et relégation (8) est votée à Paris le 30 mai 1854, qui décidera du sort, entre 1864 et 1897, de 30.000 femmes et hommes déporté.es en Nouvelle-Calédonie, à l'autre bout de la terre. Son article 6 indique que « Tout individu condamné à moins de huit années de travaux forcés sera tenu, à l’expiration de sa peine, de résider dans la colonie dans un temps égal à la durée de sa condamnation. Si la peine est [au moins] de huit années, il sera tenu d’y résider pendant toute sa vie. Toutefois, le libéré pourra quitter momentanément la colonie, en vertu d’une autorisation expresse du gouverneur ».
Sans espoir de retour, certain.es condamné.es sont tenu.es de « faire souche » sur place. Seul.es les communard.es (9) bénéficieront d'une loi (partielle) d'amnistie, qui leur permettra d'être rapatrié.es en 1880.
Politique de peuplement
Des vagues successives de peuplement ont lieu, principalement dans les années 1850, 1860 et 1870, au point que les colons égalent pratiquement en nombre la population kanak :
Les colons ont donc servi la politique coloniale de la France qui, grâce à l'installation des familles jusque dans les vallées les plus reculées de l'île, assoit sa présence sur le territoire (10).
L'administration coloniale doit leur trouver des terres. Les moins fertiles sont attribuées aux Kanak, qui ne peuvent ni les vendre, ni en acheter, mais sont, théoriquement, protégé.es contre leur violation. On verra, avec la révolte d'Ataï, que ce ne fut pas le cas. En 1897, l'Etat français mène une politique de cantonnement, et rassemble tou.tes les Kanak dans des réserves, leur attribuant 3 hectares par habitant.e. Comme on l'a vu en introduction, l'Etat proposait, en 1891, aux colons français des concessions de pas moins de 25 hectares. Au fur et à mesure de l'arrivée des colons, les terres attribuées aux Kanak passent de 320.000 en 1898 à 124.000 hectares en 1902. Frappée par les maladies importées (11), la sous-alimentation et la répression des insurrections (entre 2.000 et 3.000 mort.es lors de la révolte d'Ataï en 1878), la population Kanak chute drastiquement. Selon les estimations, elle s'élevait à environ 45.000 au moment de la prise de possession, et chute à 20.000 en 1920.
Si on remonte à l’arrivée de Cook et aux premiers contacts avec les Européens, on parle d’un effondrement de 70 à 90 % de leurs effectifs. Au début du XXe siècle, les autorités françaises considèrent que le peuple océanien est voué à la disparition et qu’il est destiné à être remplacé par une population européenne supposément plus résistante – on est en plein darwinisme social ! (…) Au début du XXe siècle, les réserves des Kanak représentent 8 % seulement du territoire de la Grande Terre (12).
Seules l'Algérie et la Nouvelle-Calédonie ont constitué des colonies de peuplement, d'abord sous l'Empire, puis sous la République française. Ces colonies particulières sont restées minoritaires dans les espaces coloniaux. Les socialistes saint-simoniens, adeptes d'une « colonisation utopiste » prêchaient en faveur « d'une fusion harmonieuse » des communautés « indigène » et européenne, d'un « mariage régénérateur » entre l'Orient et l'Occident, qui produirait une société nouvelle, fidèle aux principes de 1789. Victor Hugo, partisan en 1879, d'une « colonisation sociale », proposait de « (re)civiliser les prolétaires parisiens, ''barbares de l'intérieur'' sans cesse en agitation, au contact d'une terre lointaine qui leur appartiendrait et avec laquelle ils feraient corps ». Ernest Renan, dans La Réforme intellectuelle et morale de la France (13), écrivait en 1871 : « La colonisation en grand est une nécessité politique tout à fait de premier ordre. Une nation qui ne colonise pas est irrévocablement vouée au socialisme ».
La colonisation rurale algérienne, malgré les vastes opérations d'expropriation des terres en faveur des colons par les différents gouvernements français, de 1871 à 1900, a échoué. La majorité des colons français vit dans les zones urbanisées de la côte, et non dans les zones rurales - la colonisation de peuplement a manifestement réussi au regard du développement démographique relevé : 28.000 personnes en 1840 / 900.000 en 1962. En Nouvelle-Calédonie, cette politique de peuplement a eu de funestes conséquences, inversant dans des proportions désastreuses les deux pans de la démographie, Kanak et Caldoche (14), et condamnant les populations natives à devenir minoritaires dans leur propre pays. La société s'en trouve depuis divisée, économiquement, socialement, politiquement, jusqu'à aujourd'hui.
1864 - La colonie pénitentiaire
Le premier convoi pénitentiaire arrive le 5 janvier 1864 en Nouvelle-Calédonie, transportant 250 prisonnier.es de droit commun à bord de l'Iphigénie. Après la Commune de Paris (1871), la colonie pénitentiaire (qu'on appelait alors « guillotine sèche ») « accueille » de très nombreux.ses communard.es condamné.es à la déportation par les Conseils de guerre d'Adolphe Thiers. Les raisons du choix de la Nouvelle-Calédonie (15) sont multiples : contrairement à la Guyane, le climat sain permet de simplifier les « installations d'accueil » (les terrains sont pratiquement sans bâtiments ni baraquements) ; l'éloignement est maximum (jusque dans les années 1970 et l'apparition des avions rapides, on considère que c'est la « dernière étape avant la lune ») ; la colonie pénitentiaire existe déjà, ce qui constitue une commodité administrative ; et enfin, pour des raisons de sécurité : selon les autorités pénitentiaires, les évasions y sont impossibles, car « les évadés seraient aussitôt mangés, d'un côté par les requins, de l'autre par les « naturels » » (les populations Kanak !) (16) Environ 2.000 condamnés d'Afrique du Nord (surtout des résistants algériens à l'occupation française de 1830) seront envoyés en Nouvelle-Calédonie.
Les détenu.es constituent un apport de main d'œuvre considérable et très profitable pour la mise en œuvre de grands travaux : aménagement, à Nouméa, du plan urbain, avec remblaiements, construction de la cathédrale et du temple protestant ; en « brousse » (dans les zones rurales), construction de routes, ponts et tunnels par les détenu.es. On pose le chiffre de plus de 11.000 détenu.es en 1877, soit environ deux tiers des Européen.nes de la colonie.
Fin XIXe, début XXe, des tentatives de colonisation libre ou pénale sont conduites : des femmes condamnées par la justice, venues de la région de Bordeaux, sont embarquées pour épouser d'anciens bagnards devenus colons. Environ 600 mariages sont célébrés entre 1870 et 1895. L'installation de populations européennes libres se développe, en parallèle des « libérés » du bagne. Elles pratiquent la culture du café - celle de la canne à sucre ou du coton sont des échecs – et l'élevage. Cette implantation, ainsi que la politique foncière et de l'indigénat de l'Etat français, entraîneront des révoltes de la population kanak, nous le verrons au prochain épisode, avec la plus célèbre, celle d'Ataï, en 1878.
Notes
- (1) Souvenirs d’un colon, la fondation d’un centre de colonisation libre, Marius Jocteur Voh, 23 janvier 1892, in Emigration européenne en Nouvelle-Calédonie au XIXème siècle.
- (2) Congrégation dédiée à la Vierge.
- (3) La colonie de peuplement, c'est la confiscation des terres « indigènes » pour les colons, Christelle Taraud, https://shs.cairn.info/idees-recues-sur-la-colonisation--9791031802640-page-49?lang=fr
- (4) Traité de paix signé le 10 février 1763 entre la France et l’Espagne d’un côté, la Grande-Bretagne et le Portugal de l’autre, qui met fin à la guerre de Sept Ans (1756-1763).
- (5) Cynthia Debien-Vanmaï, La nouvelle Calédonie de la fin du XIXème siècle au début du XXème siècle, https://histoire-geo.ac-noumea.nc/spip.php?article101=&artpage=2-2&lang=fr
- (6) Joël Dauphiné, Les spoliations foncières, L’harmattan, 1989, p 41.
- (7) Le gouverneur dispose de vastes pouvoirs : justice, police, législation foncière, économique et fiscale.
- (8) https://criminocorpus.org/fr/legislation/textes-juridiques-lois-decre/textes-relatifs-a-la-deportati/acces-aux-textes/loi-du-30-mai-1854/
- (9) Participant.es de la Commune insurrectionnelle de Paris en 1871.
- (10) Cynthia Debien-Vanmaï, La nouvelle Calédonie de la fin du XIXème siècle au début du XXème siècle, https://histoire-geo.ac-noumea.nc/spip.php?article101=&artpage=2-2&lang=fr
- (11) Lèpre (1866, dès 1862 aux Loyauté, via des Samoans), dengue (1883, 1908), variole (1893), blennoragie, pian, syphilis.
- (12) Voir l'anthropologue du CNRS Michel Naepels : https://lejournal.cnrs.fr/articles/nouvelle-caledonie-165-ans-dune-histoire-mouvementee.
- (13) Paris, Calmann-Lévy, 1947.
- (14) La partie de la population d'origine européenne, installée en Nouvelle-Calédonie depuis la colonisation commencée au milieu du XIXe siècle.
- (15) Bernard Brou, La déportation et la Nouvelle-Calédonie, voir : https://www.persee.fr/doc/outre_0300-9513_1978_num_65_241_2146
- (16) La célèbre évasion de Rochefort, journaliste communard, et de cinq de ses amis, semble avoir bénéficié de complicités incluant le gouverneur et le directeur de l'administration pénitentiaire.