
Coopérative d’Activité et d’Emploi - Un modèle alternatif d’entreprise
C’est en 2017 que Nova-Bat est née à Tours, à l’initiative de Jean-Claude Lemmel. « J’ai toujours travaillé dans le bâtiment, jusqu’en 2014, explique-t-il. Ensuite, j’ai souhaité aider les jeunes qui ont des projets. En cherchant sur Internet, j’ai découvert les CAE et ses valeurs d’économie sociale et solidaire, de partage, d’entraide. Je voulais aussi privilégier les projets autour des matériaux alternatifs, des techniques ancestrales… J’aime la façon de travailler de ces artisans, mais aussi leur rapport au travail : le travail n’est pas tout. »
A l’époque, aucune CAE spécialisée dans le bâtiment n’existe dans la Région Centre. Jean-Claude Lemmel se rapproche de la CAE généraliste Odyssée-Création à Romorantin-Lanthenay (41) avec laquelle il collabore pendant la phase d’amorçage. La CAE Odyssée-Création a également participé au démarrage d’une autre CAE destinée au tourisme, Odyssée de Voyage.
Autres CAE dynamiques et proches géographiquement : Artefacts, dans le domaine culturel et numérique, basée à Tours (37), également présente à Blois (37) et Orléans (45) ; et CIAP, spécialisée dans l’agriculture, basée à Blois (41).
Un statut d’entrepreneur·se - salarié·e
Concrètement, comment entre-t-on dans une CAE ? Aujourd’hui gérant de Nova-Bat, Nicolas Rivière a entrepris lui-même ce chemin il y a quelques années. « Je travaillais comme électricien dans une boîte d’intérim, se souvient-il. Mon ancien patron changeait d’activité ; je voulais racheter son entreprise mais à la condition de le faire dans un cadre coopératif. »
Première étape : un diagnostic pour la validation du projet par l’équipe de la CAE. Vient ensuite la signature d’un CAPE, Contrat d’Appui au Projet d’Entreprise, durant lequel le / la coopérataire (1) peut démarrer son activité, la tester, la développer comme iel le souhaite, tout en étant accompagné·e notamment sur toute la partie administrative : comptabilité, assurances, déclarations URSSAF et de TVA… Ainsi, chacun·e des membres de la CAE a une activité indépendante avec sa clientèle propre, mais bénéficie d’une équipe mutualisée qui gère l'administratif. « Cela permet de se concentrer sur son cœur de métier », souligne Jean-Claude Lemmel. Le / la coopérataire devient alors entrepreneur·se - salarié·e. Son salaire est lié au résultat dégagé par l’activité et se calcule sur le bénéfice.
Après trois ans d’accompagnement, iel peut signer un CDI et devenir associé·e en participant activement aux décisions prises par l’équipe de la CAE. Iel peut aussi décider de quitter l’entreprise coopérative pour s’installer seul·e ou redevenir salarié·e « classique ».
Des métiers variés
Actuellement, 21 personnes font partie de Nova-Bat, dont un tiers environ sont associé·es. « 80 % des membres de notre CAE ont un bac + 2 ou bac + 3, et beaucoup sont en reconversion. La moyenne d’âge est de 40 ans, explique Jean-Claude Lemmel. 40 % sont des femmes : elles sont de plus en plus présentes dans le bâtiment. »
Les métiers représentés sont variés : menuiserie, électricité, ferronnerie d’art, maçonnerie, construction ossature bois, mosaïque, charpente, décoration intérieure, isolation, conseils en construction paille… « Nous avons quatre lignes directrices, précise Nicolas Rivière. L’éco-construction, les métiers d’art, l’artisanat et l’ingénierie. » Même si la CAE n’offre pas de chantier clé en main, ses membres peuvent échanger sur les opportunités, se compléter, partager leurs savoirs et leurs contacts.
Prendre confiance
Il y a un an, une antenne a ouvert à Bourges. C’est Gersende Savel, ferronnière, qui en est la coordinatrice. « Mon but est de faire connaître la coopérative, de prendre les premiers contacts et de rencontrer les structures de l’économie sociale et solidaire. Par exemple, le jeudi 9 novembre prochain, nous participerons au salon Créa’Boost à Bourges (2). »
Après deux ans au sein d’une entreprise individuelle, elle est entrée chez Nova-Bat en 2021. « Le gros avantage ? C’est d’être salariée. Tu cotises pour la santé, la retraite, tu as des congés payés… Tu mutualises les assurances, ce qui est important dans le bâtiment où il faut avoir une garantie décennale. Tu bénéficies de conseils d’appui, avec un vocabulaire simple et adapté. Ça donne aussi un carnet d’adresses. »
Faire partie d’une CAE lui a apporté « confort et sérénité, surtout dans la partie paperasse ! » tout en restant autonome : elle est libre de développer son activité dans la direction qu’elle souhaite. « Ça se fait petit à petit, ça te permet de prendre confiance. »
Dans le Cher, les profils de celleux qui entrent dans la coopérative sont identiques à la tendance générale : « des gens en reconversion ou qui ne veulent plus être salarié·e d’une entreprise classique, à cause de problèmes avec la hiérarchie ou pour être son propre patron ». Un charpentier et une ébéniste doivent rejoindre prochainement l’équipe.
Pour cette année 2023-2024, Gersende Savel a un nouvel objectif : « sensibiliser les profs ». « J’aimerais intervenir dans les écoles pour qu’iels sachent que d’autres modèles sont possibles. »
Textes et photos : Fanny Lancelin
Notes
- (1) Terme emprunté à la CAE Artefacts : https://www.artefacts.coop
- (2) https://bge-cher.com/creaboost-le-salon-dedie-a-la-creation-dentreprise-edition2023/
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Plus d’infos sur Nova-Bat : www.nova-bat.coop
Contact : contact@nova-bat.coop