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Photo de couverture

Tout un monde – comment j’ai changé de regard sur mon mode de vie par Emilie Saitas

15 octobre - 15 novembre 2023
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Elle vit sur le plateau de Gentilly, entre le périphérique parisien et l’autoroute du soleil. Sa maison est un véritable havre de paix et pourtant, Emilie Saitas ne peut s’empêcher de remettre en question son mode de vie citadin, incohérent avec ses valeurs écologiques. Alors, elle décide de partir à la rencontre de celles et ceux qui ont fait le choix des écolieux et de raconter leurs parcours dans une bande dessinée. 

Bourges (18), Langeais (37), le Grand Est, Gembloux en Belgique… Tous les sites choisis par Emilie Saitas ont un point commun : ils questionnent l’empreinte écologique des habitats, les logements mais aussi les manières d’habiter le monde, c’est-à-dire de se relier à son environnement et aux autres êtres qui le peuplent, humains et non-humains.

Les maisons visitées sont toutes à l’image de leurs habitant·e·s. Elles ne répliquent pas un schéma culturel (un pavillon rectangulaire avec fondations en béton) mais sont issues d’une réflexion profonde sur des besoins, des désirs, et le souci permanent de laisser une empreinte minimale sur le lieu. Emilie Saitas découvre ainsi ce que l’on nomme les habitats légers : un dôme pour Manon et Bastien dans une forêt du Grand Est ; un camion aménagé pour André et Maéli, itinérant·e·s malgré leur « grand âge » ; une tiny-house pour Thomas, Gaëlle et Néo à Gembloux ; une hutte pour Céline dans le Centre de la France… Elle les dessine avec force détails, ainsi que tous les systèmes adjacents qui permettent un maximum d’autonomie comme la récupération d’eau de pluie, l’épuration, la production d’énergies renouvelables, les toilettes sèches, un potager, un verger, un compost…

Mais avec ses hôtes, elle discute aussi du rapport au travail, à l’économie, aux voyages, à la famille… Les portraits qu’elle dresse et esquisse aux crayons pastels révèlent en creux le rejet d’une société consumériste qui violente les corps et les esprits. On peut voir dans ces choix de vie une fuite ou une attitude de « petits pas » individualiste qui ne remet pas en cause le système en profondeur. Ainsi, si Emilie Saitas insiste sur la solidarité qui existe dans ces écolieux, notamment pour celles et ceux qui ont des moyens modestes, elle aborde très peu la notion de collectif, pourtant cruciale politiquement. Elle passe brièvement sur la notion de propriété privée et de gestion collective des espaces communs, souvent délicate au sein des éco-lieux alors que cette question a de grandes influences sur les modes de vie que l’autrice prétend décrire.

Cette bande dessinée est donc davantage un témoignage d’une expérience vécue, qu’un manifeste pour des habitats alternatifs. Mais elle donne des clés intéressantes pour celles et ceux qui sont en cours de réflexion et montre la diversité des expériences dans lesquelles chacun·e pourra puiser.


La bande dessinée « Tout un monde » est sortie en 2022 aux éditions Delcourt : https://www.editions-delcourt.fr/series/serie-tout-un-monde