
« Je me défends du sexisme – Allez les filles ! », E. Piquet
Née à Lyon en 1969, Emmanuelle Piquet est spécialiste de la thérapie brève stratégique selon l’École de Palo Alto : il s’agit de résoudre en une dizaine de séances des problématiques concrètes, actuelles et interactionnelles. Après avoir analysé tout ce qui a été tenté en vain et qui a développé chez la personne un sentiment d’impuissance, la thérapie consiste à mettre en œuvre le contraire de ce qui paraît logique au patient·e mais qui, irrémédiablement, échoue.
Dès les débuts de sa pratique, Emmanuelle Piquet a constaté que si les enfants ou les adolescent·e·s venaient la voir pour des problématiques variées (sommeil, angoisses, stress, tristesse, maux de ventre...), c’étaient souvent les relations à l’école qui généraient ces souffrances. Elle a alors créé une méthode en choisissant de se placer aux côtés de l’élève harcelé·e, pour l’aider à construire une réplique durablement efficace aux attaques qu’iel subit. L’objectif : que les enfants se défendent seul·e·s mais en étant accompagné·e·s.
Fondatrice des centres « À 180 degrés – Chagrin scolaire » à Lyon, Mâcon, Paris et Lille, Emmanuelle Piquet enseigne dans les milieux universitaires et les centres de formation pour enseignant·e·s. Elle est aussi l’autrice de plusieurs ouvrages dont les derniers sont : « Je n’ai plus peur de mes peurs » (éditions Les Arènes) ; « Votre enfant face aux autres » (éditions Les Arènes) ; « Je combats ce qui m’empêche d’apprendre » (Albin-Michel) et « Je me défends du sexisme » (Albin-Michel Jeunesse), réédité sous le titre « Allez les filles ! »
Ce petit ouvrage se base sur des témoignages concrets recueillis en consultation : Lison, 12 ans, qui fait face à sa famille qui la traite de « garçon manqué » ; Lucie, 12 ans, harcelée par des collégiennes qui l’appelle « Planche à pain » à longueur de journée ; Maria, 13 ans, qui raconte la grossophobie ; Lou, 13 ans, empêchée de prendre la parole en public par les garçons ; Salomé, 11 ans, victime de séances de baisers forcés dans la cour de l’école primaire sous le regard indifférent des adultes ; Léa, 14 ans, qui subit des attouchements répétés au collège par un groupe de garçons ; Elsa, 15 ans, violée dans un métro… A chaque récit, succède l’échange qu’Emmanuelle Piquet a eu avec la jeune fille et les stratégies qu’elles ont mises en place ensemble pour apaiser les angoisses, faire face aux agresseur·se·s et répliquer.
L’originalité de l’ouvrage réside aussi dans le fait que le/la lecteur·ice est acteur·ice : des fiches à remplir permettent de se mettre à la place de la victime et d’envisager quels types de réactions sont possibles, selon les contextes. « A ton avis, qu’est-ce que Lison doit faire ? » « Que conseillerais-tu pour faire stopper ce jeu sexiste ? » « Qu’aurais-tu pu trouver comme riposte ? » Cela développe un sentiment d’empathie : soit l’on est directement concerné et l’on réfléchit ainsi sur sa propre situation et les solutions à mettre en œuvre ; soit l’on connaît une victime et l'on entrevoit la manière de l’aider, la soutenir, l’accompagner. On peut aussi anticiper : « et si jamais, un jour, un·e jeune vient me voir et me dit... »
Enfin, Emmanuelle Piquet met des mots sur ce qui est encore souvent tabou ou à l’inverse, banalisé, avec des définitions : sexe, genre, sexisme, machisme, misogynie, mansplaining, charge mentale… Une manière aussi de reconnaître ce qui nous touche, et les maux dont souffrent les femmes et que la société tout entière doit combattre... en opérant un 180 degrés !
L’ouvrage est illustré par Lisa Mandel.
F.L.
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Plus d’informations sur le site de l’éditeur : https://www.albin-michel.fr/allez-les-filles-9782226460608F