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« Parole de King ! » de Chriss Lag

18 juin - 15 juillet 2023
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Qui sont les Drag Kings d’aujourd’hui, en France ? Quelles sont leurs motivations ? En quoi leurs pratiques interrogent-elles la construction sociale des genres ? Pour répondre à ces questions, Chriss Lag est allée à leur rencontre, à Paris mais aussi dans le Berry. A travers une série de portraits, son documentaire bouscule, questionne… donne de l’espoir et fait sourire, aussi !

Chriss Lag est réalisatrice, journaliste et photographe. Au cœur de sa démarche : la représentation et la place des femmes dans la société, notamment dans l'art, les médias ou le sport. Son film « Parole de King ! » est sorti en salle en novembre 2016 mais continue à être diffusé. Il a ainsi été projeté à Bourges le vendredi 9 juin, à l’occasion du Festival Intersection organisé par le Centre LGBTQIA+ Berry (lire aussi la rubrique (Ré)acteur·ices), et il est disponible en VOD et DVD.

Chriss Lag est parti d’un constat : si les Drag Queens sont connues et occupent les scènes des cabarets depuis longtemps, les Drag Kings restent peu visibles. Dans un cas, il s’agit d’hommes qui se travestissent en femmes ; dans l’autre, de femmes cisgenre ou de personnes trans qui se travestissent en hommes. Sans doute la pratique dérange-t-elle au point de ne pas vouloir la visibiliser : des femmes qui se permettent de reprendre les codes des hommes, pour les éprouver, les détourner, s’en moquer, s’en servir pour s’empuissanter ? Comment osent-elles ?! Quand elles ne sont pas considérées comme des traîtresses à leur cause, comme l’explique dans le documentaire Erik, membre des Kings du Berry, qui évoque le rejet de certaines féministes, incapables de comprendre pourquoi des femmes éprouvent le besoin de « construire » des hommes.

Alors, pourquoi le font-elles ? Les motivations sont variées mais bien loin du simple travestissement. Pour certaines, il s’agit d’une démarche artistique. Pour d’autres, politique. Pour d’autres encore, ludique. Ou tout cela à la fois ! Chriss Lag a recueilli les témoignages de femmes cisgenres, hétérosexuelles, lesbiennes, gouines, trans. Parmi lesquels celui de Louise De Ville (1), actrice et metteuse en scène, qui anime des ateliers de Drag King depuis 2005. Elle le voit comme une expérimentation qui permet de lâcher les codes féminins et d’explorer les codes masculins pour mieux les dénoncer.

Comme Billy, certaines font naître des Kings qui leur ressemblent. Mais d’autres sont leur exact opposé, à l’image de Shaun, « boy scout of America » qui représente la domination de l’homme blanc, figure née à l’époque de l’essor du capitalisme, emprunte de religion… Il est rappeur, une autre figure masculine forte qui parle souvent des femmes comme de marchandises.

De son côté, Marie assure qu’en Drag King, elle peut avoir des conversations impossibles lorsqu’elle est identifiée femme. Certaines acquièrent ainsi une assurance insoupçonnée, qui les aide lorsqu’elles retrouvent leur féminité.

Pour Erik, des Kings du Berry, c’est « avant tout une manière de faire de la politique », de « passer des messages », notamment « contre la binarité des genres ».

Dans tous les cas, le documentaire montre à quel point le Drag King peut offrir des clés d’émancipation pour toutes les femmes, quels que soient leur âge, leur classe, leurs origines géographiques et ethniques, leur identité sexuelle…

Retrouvez le teaser du film ici : https://www.youtube.com/watch?v=d2lHVsS5YIo

Le film lui-même, là : https://www.capuseen.com/films/5734-parole-de-king

Et pour en savoir plus sur les ateliers animés dans le Berry, rendez-vous à la rubrique (Re)découvrir.

F.L.

[Photo : Chriss Lag]